ROUTES VIDES, GROSSES MONTAGNES ET MOINES TIBÉTAINS

Le 1er octobre 1949, Mao Zedong a fondé la République Populaire de Chine. 66 ans plus tard, ça nous donne une semaine de vacances. Merci Mao, et bonne fête Chine!

Je n’avais rien prévu pour ma semaine; les trains se remplissent plusieurs semaines à l’avance, et toutes les attractions de la Chine deviennent tellement pleines que c’en est même plus le fun. Je prévoyais donc juste chiller à Wuhan.

Par contre, mardi soir, mon avant-dernière journée de travail, je me suis dit: “Simon, vas-tu vraiment rester à Wuhan pendant une semaine?” et j’ai donc commencé à regarder des billets d’avion pour plusieurs endroits. Notamment, j’ai regardé des billets pour Lanzhou, la capitale de la province de Gansu. C’est une ville située un peu au nord-ouest de la Chine, et un de mes amis que j’avais rencontré au Népal (qui est photographe professionnel) y avait été et m’avais montré des photos absolument hallucinantes; depuis ce temps, je voulais y aller. Mon plan initial était d’y aller cet été; puisque même si durant l’hiver j’ai 5 semaines de vacances, il fait vraiment froid là-bas alors c’est difficile de voyager, et si je retourne à l’école l’année prochaine mon année commence l’été, alors je n’aurai pas du tout le temps de voyager. C’était donc pas mal ma dernière chance d’y aller dans un futur proche. J’ai parlé à Mirell, un de mes collègues, et il était très intéressé aussi, alors même si les billets n’étaient pas particulièrement abordables on a décidé d’y aller pareil. On a donc acheté littéralement les derniers billets, pour le surlendemain.

Le lendemain, je regardais les hôtels et tout était pas mal plein et je me suis dit: “Je vais juste acheter une tente et des sleeping bags et on va aller camper!” Mirell était d’accord, et on a fait ça. J’ai même réussi à me pogner une tente assez bonne pour un prix absolument dérisoire.

Lanzhou, pt. 1

Jeudi matin donc, nous sommes partis pour Lanzhou, la capitale de la province. En Chine, plus on va vers l’ouest, plus on rencontre les nombreuses minorités ethniques qu’on voit en général très peu dans l’est. À Lanzhou, notamment, ce sont les Hui, un groupe ethnique qui sont en grande partie musulmans, et qui ont donc développé leur propre cuisine et culture. Nous avons fini par trouver notre auberge, qui est en fait un appartement converti en auberge, et là nous avons rencontré quelques étudiants d’université, et nous sommes partis visiter la ville en soirée avec eux.

Linxia

Vendredi, on est partis pour Linxia, une ville à environ 2 heures de Lanzhou considérée comme “la Mecque de la Chine” puisqu’elle a une grande concentration de Hui musulmans. On n’avait pas vraiment l’intention de rester là très longtemps: on est arrivés le matin, et on prévoyait repartir vers Xiahe, notre principale destination, le même après-midi. La ville était très intéressante, effectivement remplie de musulmans et de mosquées. C’est la ville où je me suis senti le plus comme un étranger, puisqu’on détonnait vraiment avec la population locale, surtout avec ma moustache et mon gros sac d’expédition. On a vu plusieurs mosquées, mais c’était un peu bizarre: on a essayé de rentrer, et certaines personnes avaient l’air à être très chill avec ça, mais d’autres nous disaient de partir aussitôt qu’on entrait. On voyait que certaines personnes étaient plus conservatrices que d’autres. Mirell a déjà voyagé dans plusieurs pays musulmans et m’a dit que les mosquées là-bas sont des centres communautaires, où le monde va juste pour relaxer, etc. et tout le monde a le droit d’entrer. Ce n’était pas vraiment le cas à Linxia. Bref, avec quelques heures de visite, on a repris le bus pour un autre 2 heures, et nous sommes arrivés à Xiahe.

Xiahe, jour 1

La ville de Xiahe est en train de se développer rapidement (comme le reste de la Chine): directement en arrivant, on a vu des nouveaux hôtels, des bâtiments en construction, etc. Ça m’a un peu déçu puisque j’espérais trouver un village très petit et peu touristique (une notion que je vais devoir abandonner en Chine), mais je me suis vite rendu compte que l’endroit où nous sommes arrivés était la partie chinoise. En continuant sur la route principale, on arrive rapidement au quartier tibétain et au monastère, où c’est quand même touristique mais au moins ça ressemble plus à un village tibétain qu’à une ville chinoise comme j’en ai vues tant de fois.

On est arrivés à environ 16:30, alors on a décidé de trouver un spot de camping immédiatement avant qu’il fasse noir. Ce ne fut pas très difficile; de la façon que la ville est faite, elle suit une rivière qui court d’est en ouest. La partie au nord de la rivière est la plus développée, et au sud de la rivière il n’y a pratiquement rien. En face du monastère, il y a une colline, qui est utilisée pour des festivals, pique-niquer, ou simplement pour avoir une belle vue du monastère. Juste à côté de cette colline il y a une route de gravier qui part dans les montagnes, alors on a suivi cette route pendant quelques minutes et on est immédiatement tombés sur un bon spot. Ensuite on s’est promenés un peu plus et on a été manger de la nourriture tibétaine: des momos, que j’avais déjà mangé au Népal (qui sont en fait des dumplings), un plat avec de la viande et du pain dont je ne me rappelle plus le nom, et du tsampa, LE repas tibétain, que je n’avais jamais essayé. C’est de la farine d’orge grillée, mélangée avec du fromage, du beurre, et du thé. C’est évidemment très facile à faire et c’est un repas typique des nomades. Je m’étais fait dire que ça goûtait le ciment mais personnellement j’ai trouvé ça très correct. On a aussi pris du thé tibétain au beurre, et du thé musulman, fait avec des fruits et du sucre, très bon. Petit détail cool, toute la nourriture est faite avec du yak, et non du boeuf: les momos étaient au yak, et le lait et le beurre proviennent aussi de yaks et non de vaches.
Après notre repas, on a été se coucher. Il a fait plutôt froid la nuit, environ 5 degrés. Nous étions équipés mais il a quand même fait froid et on n’a pas super bien dormi.

Le village est à 3000 m d’altitude, donc assez haut pour avoir le mal des montagnes. J’ai eu un petit mal de tête qui je pense fut causé par ça, mais il est parti le lendemain.

Xiahe, jour 2

Quand on s’est réveillés, on a cherché un restaurant où boire un café, et on est arrivés dans un qui venait juste d’ouvrir; il n’y avait personne encore dedans. On s’est installés, on a commandé un café, et peu après le propriétaire est venu nous parler. Il est tibétain, et s’appelle Tsering. On a parlé un peu, il nous a demandé où on dormait, et on lui a dit qu’on campait. Il nous a proposé de dormir dans son restaurant la nuit, si on avait trop froid. Un gars vraiment cool!

À environ 15 km de Xiahe, il y a un village avec des prairies, où apparemment des nomades tibétains vivent avec leurs yourtes et leurs troupeaux de yaks et de moutons. Évidemment, je voulais y aller, et y camper. Par contre, Mirell ne savait pas comment faire de la bicyclette. Il m’avait dit que je pourrais simplement lui apprendre et on pourrait y aller après. J’ai trouvé que c’était une bonne idée, et on a donc loué des bicyclettes et j’ai tenté d’enseigner à Mirell comment faire de la bicyclette. 2-3 heures plus tard, il était capable de rouler et de ne pas tomber, mais je me suis rendu compte pendant qu’il apprenait que c’était un peu plus intense qu’on pensait: pour conduire une bicyclette sur le bord de la route c’est nécessaire d’avoir un très bon contrôle de la bicyclette, et il ne l’avais pas encore. De surcroît, je pense que l’idée de dormir dans la tente une autre nuit ne l’enchantait pas vraiment, et il a donc décidé de rester à Xiahe et de pogner un hôtel pendant que j’allais voir les prairies. Mirell vient de la Californie, et n’avais pas campé souvent, alors il n’était pas très habitué à la vie plutôt intense de campeur nomade, comme j’avais fait au Japon: marcher toute la journée, avoir nulle part où relaxer, transporter son sac à dos sans arrêt, etc. Bref, je suis parti à environ 14:30 PM.

15 km ce n’est pas très loin, alors j’ai pris mon temps. La route pour se rendre était vraiment extrêmement belle: très peu de circulation, des montagnes de chaque côté, des troupeaux de moutons sur la route… je trippais vraiment. Je suis vite arrivé à un spot qui était plutôt touristique, avec des fausses yourtes et plein de Chinois. Il y avait un spot pour avoir une belle vue, et de ce spot il y avait une montagne, qu’il était possible de grimper (pas de trail ni rien, mais puisqu’on est au-dessus de la cime des arbres toutes les montagnes sont faciles à monter si elles ne sont pas trop à pic). J’ai donc monté et j’ai pris des photos. J’étais vraiment dans mon élément, assis au sommet de la montagne, et j’ai même pensé camper là, mais il était seulement 15:30 alors j’avais encore 4 heures de soleil à attendre. Au loin je voyais des vraies yourtes, et j’avais l’intention de m’y rendre, mais c’était assez loin et le chemin pour se rendre n’était pas très clair. J’ai décidé de continuer sur la route puisqu’apparemment un peu plus loin il y avait d’autres prairies moins touristiques.

15 minutes plus tard, je suis arrivé à un village et je me suis rendu compte que je n’étais pas encore arrivé aux vraies prairies, qui étaient juste après le village. Le village en tant que tel était pas mal touristique, avec encore une fois des fausses yourtes, des tours de chevaux, etc. Je suis tourné sur une route pas rapport qui s’enlignait profond dans les terres. J’étais définitivement dans la prairie, mais c’était moins cool que j’avais imaginé. J’avais imaginé une grande étendue d’herbe vierge, parsemée de yourtes et d’animaux, mais en fait elle était assez développée; il y avait des routes qui passaient au milieu et des bâtiments. Beaucoup de terrain était cultivé, et le terrain pas cultivé était clôturé. Je ne pouvais donc pas vraiment m’aventurer sur les prairies en dehors de la route. Les vraies yourtes, quant à elles, étaient vraiment loin et profond et plus je roulais plus il s’en venait tard. Rouler n’était pas si facile non plus, j’étais maintenant sur du plat et il y avait un vent vraiment froid et vraiment intense, et plus je m’éloignais du village plus je devrais rebrousser chemin pendant longtemps pour souper. À un moment j’ai vu un spot où des gens campaient, et j’ai débattu si je camperais là aussi, mais le spot n’était pas si beau, et il faisait vraiment froid et venteux, alors j’ai décidé de rebrousser chemin. Je suis pas mal sûr que j’aurais simplement pu grimper les clôtures et camper là, puisqu’elles avaient l’air faites plus pour empêcher les animaux d’aller sur la route que d’empêcher les gens d’aller dans les terres, mais bon. J’ai mangé dans un resto où tous les clients ont littéralement posé leur baguettes pour me dévisager quand je suis rentré et je suis retourné dans les montagnes pour camper. J’étais vraiment détruit, j’ai roulé presque sans arrêt pendant 6 heures dans les montagnes à 3000 m d’altitude avec mon gros sac à dos. Je me trouvais pas mal intense.

Xiahe, jour 3

J’ai rencontré Mirell le matin et nous sommes partis visiter le monastère. Dans le bouddhisme tibétain, une des coutumes est de contourner des structures religieuses dans le sens des aiguilles d’une montre, et le monastère ne faisait pas exception. Nous avons donc commencé par suivre le chemin qui faisait le tour. Apparemment il y avait un chemin qui passait dans les montagnes, mais on ne l’a pas trouvé et on pense qu’il est maintenant fermé.
On a ensuite visité le monastère en tant que tel. Le monastère est un des 4 monastères les plus importants de l’école Gelugpa (la même que le Dalai-Lama) et c’est le seul qui n’est pas dans la Région Autonome du Tibet, donc le seul qui est visitable sans appliquer pour un permis compliqué. En fait, la région au complet fait historiquement partie du Tibet. On s’est greffé à un groupe chinois, et on a visité plusieurs bâtiments. Le monastère est vraiment gros alors ç’a pris pas mal de temps.
En soirée, on a été manger au restaurant de Tsering, et le soir on a dormi dans son restaurant. Il avait un salon avec des sofas donc on a pu dormir sur les sofas on a été très confortables.

Lanzhou, pt. 2

On a pris le bus pour Lanzhou à 6:30 et on est arrivé à 9:30. On avait donc toute la journée à Lanzhou. On a marché pas mal, et on a été voir un temple au sommet d’une montagne, mais on était vraiment vraiment fatigués et épuisés alors on manquait pas mal d’enthousiasme. On est revenus à l’hôtel vers 7h du soir et on s’est couchés tôt, puisque le lendemain on repartait à Wuhan.

C’est donc pas mal ça mon voyage, je suis un peu triste parce que dans cette partie de la Chine il y a des endroits vraiment cool à voir, et je n’ai pas pu les voir puisque je n’avais pas beaucoup de temps. J’avais au départ prévu de voyager là pendant plusieurs semaines (genre 3-4) mais bon, mieux vaut une semaine que zéro. Par contre, j’étais vraiment dans mon élément dans ce voyage, beaucoup plus que partout d’autre que j’ai visité en Chine. Je crois que j’aime vraiment plus les montagnes et l’absence de gens! Sans compter l’élément tibétain, évidemment. C’était tellement cool que je crois que je vais y retourner. Je ne sais pas quand, ça sera sûrement dans un petit bout, mais je vais acheter une bicyclette et je vais me taper un voyage à bicyclette dans le nord-ouest de la Chine pendant 1 mois ou quelque chose du genre, parce que c’était vraiment cool et explorer en bicyclette est vraiment une bonne façon de voir ce qu’il y a a voir.

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