Pour des raisons inconnues même par moi, l’Asie de l’Est est l’endroit du monde qui m’attire le plus. Les métropoles asiatiques pleines de néons, la philosophie orientale, l’art unique, et la culture diamétralement opposée à la culture occidentale sont tous des facteurs de mon appréciation de l’Asie de l’Est. En plus de ça, ils cherchent plein de profs d’anglais! Que demander de plus?
J’ai donc été au Japon pendant 9 mois (depuis, j’y suis retourné 2 fois). Ça fait 6 mois que je suis en Chine, et j’y serai jusqu’en 2016 (j’ai officiellement décidé que je restais à mon école une année de plus). En février, j’ai été en Corée du Sud, pour 2 semaines. Avec mon voyage en Corée du Sud, j’ai donc complété la Trinité que constitue l’Asie de l’Est: le Japon, la Chine et la Corée du Sud. Non seulement ça, mais je suis resté relativement longtemps dans chaque (sauf la Corée du Sud) et j’ai pas mal réfléchi aux différences culturelles des trois, leurs similarités, différences, etc. C’est donc pour ça que j’ai décidé de comparer un peu les trois pays. Ce ne sera pas une comparaison académique, i.e. je ne présente ici que mon opinion basée sur mes impressions. Je vais y aller en ordre chronologique.
LE JAPON
Le Japon est très connu de l’Occident pour deux caractéristiques qu’on pourrait qualifier d’opposées. D’un côté, plusieurs personnes pensent à des temples, des moines zen et des geishas parcourant les allées pavées de Kyoto.
Les temples japonais ne cessent de capturer l’attention des occidentaux.
D’un autre côté, certains voient dans le Japon une contrée futuriste à la Blade Runner: des néons, des adolescents qui s’habillent en personnages de mangas, et des restaurants avec des robots et des filles en bikini.
Le Robot Restaurant, à Shinjuku. (Pour notre défense, il a ouvert en 2012, alors qu’on a visité en 2009; sinon c’est certain qu’on y aurait été.)
C’est une dichotomie intéressante, et elle est certainement très présente et visible pour quiconque fait un tour au Japon. Les temples côtoient les gratte-ciels; les moines Zen conduisent des scooters; les lutteurs sumos en habits traditionnels prennent des selfies avec leurs iPhones; les profs d’anglais étrangers prennent des cours de cérémonie de thé.
C’est un phénomène extrêmement intéressant à observer: un pays dont la culture est visible non seulement dans les attractions touristiques mais aussi dans la vie de tous les jours.
La culture « interpersonnelle », c’est-à-dire comment les gens se comportent entre eux et envers les étrangers, est assez complexe. Ce qui est devenu très apparent, avec Samuel travaillant au Japon, c’est qu’il y a une énorme différence entre simplement voyager au Japon (ce qu’on a fait pendant tout notre voyage) et y travailler.
Ceci a plusieurs implications. Premièrement, lorsque nous voyagions, nous étions consciemment et par choix en marge de la société. Ça se traduisait par nos actions (camping, pouce, etc.) mais aussi par notre apparence physique (on transportait un gros sac à dos en permanence). En gros, nous étions très identifiables en tant que voyageurs « backpackers ». En tant que tel, nous étions perçus comme des touristes, donc des invités dans le pays, et les Japonais ont une culture extrêmement développée en ce qui concerne les invités. Tous les gens étaient donc gentils et extrêmement généreux avec nous, sans exception. Nous nous sommes fait donner une quantité innombrables de cadeaux, le monde nous accostait dans la rue pour voir si nous étions perdus et nous aider, etc. Les Japonais n’ont cessé de nous surprendre par leur gentillesse durant notre voyage entier. Les gens que nous avons rencontré étaient extrêmement cool, intéressés par les étrangers, etc. Par contre, de par le fait que tout le monde pouvait instantanément savoir que nous étions des backpackers, les gens qu’on a rencontré et qui sont devenus nos amis sont tous des gens assez marginaux, en tout cas comparé au standard japonais.
C’est le contraire lorsque vient le temps de travailler. Tout d’un coup, on n’est plus un invité, il est nécessaire de côtoyer (et même de travailler avec) des gens qui peut-être ne veulent pas côtoyer des étrangers, et les Japonais commencent à avoir certaines attentes. Définir la culture du travail au Japon par « excessive » est un euphémisme: en fait, côté travail, le Japon est une société au bord de l’aliénation. Les morts par surcharge de travail sont recensées par le gouvernement, qui essaye d’ailleurs de faire passer des lois forçant les Japonais à prendre les journées de vacances auxquelles ils ont droit. Au Japon, un employé considéré « bon » est un employé qui travaille trop, tout simplement. Il est bien vu de tomber endormi à son bureau, puisque c’est le signe qu’on travaille trop. De la même façon, prendre ses vacances est un signe de lâcheté, faire des dizaines d’heures d’overtime non-payé est normal. Comme on peut s’y attendre, le taux de suicide est très élevé, et il y a eu plusieurs cas où les gens qui se sont suicidés ont laissé des notes qui disent à leur compagnie qu’ils sont désolés d’être des mauvais employés parce qu’ils se suicident.
Au-delà de la culture du travail, un autre aspect très marquant de la culture japonaise est la politesse. Les différents codes régissant la politesse sont extrêmement difficiles à comprendre, et excessivement difficiles à imiter pour un étranger. Non seulement le langage privilégie différents registres en fonction de l’interlocuteur, il y a aussi une très grande quantité d’actions à prescrire et à proscrire dépendant de l’âge, ancienneté, position, statut social, etc. Les japonais sont très tolérants des erreur des étrangers, puisqu’ils comprennent à quel point ce point de la culture est enraciné dans l’esprit japonais, mais certains s’en servent aussi pour réifier une tendance à l’auto-valorisation. Cette tolérance peut également se traduire par une certaine condescendance face aux étrangers: « ils ne sont pas japonais, c’est donc nécessairement impossible pour eux de comprendre notre culture, qui est si ancienne, complexe et supérieure à celle de l’Occident, et nous nous devons donc de les accommoder, malgré leur manque de civilité ». Cette condescendance n’est jamais explicite, et très subtile, mais tout de même détectable. Pour des étrangers tel que nous, cette ignorance des codes implicites se traduisait souvent par un malaise dans plusieurs situations: avons-nous le droit de passer sur ce chemin, devons-nous attendre la lumière de piétons pour traverser cette ruelle, comment devons-nous nous comporter dans un restaurant, avec des amis, etc. etc. Chaque décision, même des décisions mineures auxquelles nous n’aurions pas pensé à deux fois avions-nous été au Canada, prenait de l’ampleur face à la possibilité que cette action soit impolie.
Si le niveau de complexité des codes de politesse d’un pays était sur une échelle graduée, le Japon serait probablement à la toute fin, à droite, le plus poli des pays. Certainement de l’Asie de l’Est, en tout cas. L’Occident en général (du moins, le Canada) serait probablement quelque part au milieu. Qui serait à l’autre extrémité? La Chine, sans équivoque.
LA CHINE
La Chine, en tout cas pour moi, était déjà plus obscure que le Japon, avant même d’avoir visité l’un ou l’autre. C’est un pays communiste, Facebook et YouTube sont bloqués, le gouvernement porte de graves atteintes aux droits humains, notamment en ce qui concerne la liberté d’expression, et c’est excessivement pollué. Voilà à peu près tout ce que le citoyen occidental moyen connaît de la Chine. La Chine, sous plusieurs aspects, est une nation en transition, dû à un retard économique important causé par des politiques désastreuses. Le Grand Bond en Avant, en 1958, avait pour but de transformer la Chine, un pays agricole, en pays industrialisé, mais a fini par causer une grande famine provoquant des dizaines de millions de morts. Quelques années plus tard, en 1966, la Révolution Culturelle avait pour but de détruire toute trace du capitalisme et de la Chine traditionnelle (symboliques des dynasties, qui venaient d’être abolies moins de 50 ans plus tôt), et qui a eu pour résultat la destruction de plusieurs milliers d’artefacts historiques et culturels, lieux de culte, temples, etc. et la persécution, encore une fois, de millions de personnes. Ce n’est donc pas étonnant que la Chine ne soit pas encore tout à fait aux standards occidentaux (ou même à ceux du reste de l’Asie de l’Est) en ce qui a trait à la qualité de vie.
Si la dichotomie au Japon est celle entre le moderne et le traditionnel, la dichotomie chinoise est celle entre la richesse et la pauvreté. Par contre, contrairement à d’autres pays en voie de développement, où la pauvreté et la richesse sont séparées en deux catégories distinctes et imperméables l’une à l’autre, en Chine, les deux coexistent constamment en symbiose. Les Chinois vont au McDonald’s et au PFK, mais achètent des légumes et des pattes de poulet au monsieur qui les vend dans la rue; les enfants font caca à terre juste devant des restaurants de luxe; des personnes âgées se raclent la gorge et crachent sur le plancher dans un Walmart sans aucune gêne; les gens achètent des fausses marques, et se procurent un iPhone 6 alors qu’ils gagnent moins de 500$ par mois; les gens conduisent des BMW et Mercedes mais ne respectent aucune règle de circulation.
Les Chinois deviennent clairement de plus en plus riches, à un rythme qui augmente chaque année. Les journaux parlent souvent de la « création d’une classe moyenne » en Chine, c’est-à-dire une classe qui n’est pas obscènement riche mais qui a tout de même assez de revenu pour pouvoir acquérir quelques produits de luxe, ou même voyager à l’étranger.
Si j’habitais à Shanghai, je ne verrais probablement pas cette distinction aussi clairement que je la vois maintenant en habitant à Wuhan. Shanghai étant officiellement la plus grosse ville du monde, c’est une vraie métropole. Quand j’y ai été, ça m’a rappelé une grosse ville japonaise, c’est-à-dire moderne et propre.
Shanghai.
Mais je ne suis pas à Shanghai; je suis à Wuhan. Wuhan est une grosse ville: 10 220 000 personnes, selon Wikipedia. C’est plus que Hong Kong! Logiquement, on s’attendrait donc à une ville fonctionnelle, avec un excellent système de transport en commun, etc. Mais non. Loin de là. Le métro est encore en construction, les bus sont exclusivement en chinois, le monde conduit extrêmement mal, les autos roulent sur les trottoirs, etc. Je qualifierais plus Wuhan d’un village de 10 millions de personnes plutôt qu’une métropole.
Wuhan.
Il y a probablement beaucoup de raisons, mais le Barrage des Trois Gorges, le plus gros barrage hydroélectrique au monde, qui a aussi nécessité la relocalisation de 1.3 millions de résidents, est dans la même province que Wuhan, alors il est possible que plusieurs centaines de milliers de paysans furent relocalisés à Wuhan. Ajoutons à cela l’exode rural massif des dernières années, et il devient apparent que Wuhan est une grosse ville extrêmement récente, qui malgré sa grande population est majoritairement habitée par des gens de la campagne qui tout d’un coup sont capables d’avoir un salaire décent et peuvent conséquemment devenir des consommateurs. Wuhan est donc un endroit parfait pour observer la dichotomie riche/pauvre, et la transition qui est actuellement en train de s’opérer en Chine. Le seul problème est qu’aller n’importe où à Wuhan est un cauchemar.
Dû à la Révolution Culturelle, il n’y a presque plus de temples, de statues, etc. Il y en a évidemment quelques-uns, mais on est très loin du Japon ou de la Corée, où il est possible de juste marcher et de trouver des temples aléatoires, ou quelques moines vivent, etc. Les seuls temples sont des attractions touristiques, où il faut payer pour entrer; il n’y a pas de temple de quartier, ou quoi que ce soit du genre. Alors que le Japon (et la Corée, comme je vais en parler plus tard) sont très attachés à leur culture, et tentent de la garder vivante, la Chine est presque le contraire. Malgré le fait que la Chine fut une des civilisations les plus importantes dans l’histoire du monde, presque toutes les attractions touristiques en Chine continentale ont rapport avec le communisme. Même le square Tiananmen et la Cité Interdite, deux vestiges du passé impérial de la Chine, ont été réappropriés par le communisme, avec une photo géante de Mao, son mausolée, etc. qui sont tous dans le square Tiananmen.
Tiananmen Square.
J’ai eu un cours entier à l’université sur les religions chinoises, le Confucianisme, Taoisme, etc. et les seules fois où j’ai appris des choses par rapport à ça en Chine c’est à Hong Kong, qui n’a évidemment pas subi la Révolution Culturelle et qui n’est même pas vraiment la Chine.
Les Chinois travaillent beaucoup, mais je crois que c’est pour des raisons de subsistance plus qu’autre chose. Les salaires en Chine sont très bas, et les iPhone, autos de luxe, MacBook, etc. sont tous disponibles, à des prix occidentaux. L’apparence est aussi excessivement importante, et c’est très important d’avoir l’air riche même si on ne l’est pas, alors les Chinois travaillent, travaillent et travaillent encore pour pouvoir améliorer leur qualité de vie. Les systèmes de salaire ont l’air de fonctionner un peu différemment de nous. En général, ils sont payés un certain montant par mois, et toute tâche additionnelle qu’ils peuvent remplir va être payée d’un montant fixe. Par exemple, à notre école, les professeurs qui gardent les enfants durant la période du dîner sont payés un montant additionnel fixe.
D’après ce que j’en sais, personne ne veut vraiment travailler toujours plus, comme au Japon, mais le fait reste que les gens travaillent beaucoup. Par exemple, beaucoup de restaurants et de petits commerces sont tenus par des familles, et ils restent ouverts extrêmement longtemps, du matin très tôt au soir très tard. Personne ne les paye, ils ne font que rester à l’avant du magasin alors que leur chambre est à l’arrière. De plus, beaucoup de congés, puisque c’est un pays communiste, sont nationaux, alors littéralement tout le monde est en congé, et d’après les foules massives que j’ai vues durant ces congés, beaucoup de personnes en profitent.
Une dernière chose que j’ai constaté concernant le travail en Chine est qu’il y a toujours beaucoup trop d’employés. Ce n’est pas rare d’aller au supermarché et de voir un employé par rangée, qui ne fait absolument rien; dans un salon de coiffure, il peut y avoir 5 employés assis sur des bancs alors qu’il n’y a qu’un seul client. Je ne sais pas si c’est un résultat du communisme (genre, tout le monde est promis un emploi) ou un simple résultat de la surpopulation de la Chine, mais c’est toujours étrange à voir.
J’avoue ne pas être aussi versé dans les cultures du voyage et du travail de la Chine que celles du Japon, mais ce qui est certain est que la culture de l’étude est très présente. Les enfants auxquels j’enseigne ont des cours du matin au soir, non seulement à l’école mais à l’extérieur de l’école: des cours privés de science, mathématiques, anglais ou même piano durant les soirs et fins de semaine sont très courants, et tous les professeurs donnent BEAUCOUP de devoirs aux enfants. Chaque vendredi je leur dis: « Enfin! On est vendredi! C’est la fin de semaine! » et ils me répondent « Noooooon! On a tellement de devoirs et de cours! » Je les plains vraiment. Récemment on apprenait « Je veux être plus vieux/rapide/fort/mince/etc. » et ils me disaient tous « Je veux être plus jeune ». Je ne comprenais pas vraiment puisqu’à leur âge je voulais être plus vieux, mais ma co-professeure m’a dit que c’est parce qu’ils avaient plein de devoirs et qu’ils voulaient revenir à un temps où ils pouvaient juste jouer. Ils ont 9 ans et déjà ils sont nostalgiques de leur vie d’enfant!
Je sais que l’Asie de l’Est en général exerce vraiment une forte pression sur les jeunes enfants, mais je crois que la Chine est le pire des trois.
Maintenant, mon aspect préféré à discuter de la Chine: la politesse, ou plutôt, l’absence de politesse. Je vais résumer mon argument par une simple phrase qui n’a jusqu’a présent pas encore été démentie:
En Chine, il n’y a pas de règles.
C’est aussi simple que ça. C’est pour le meilleur et pour le pire. D’une perspective occidentale, il y a certainement des inconvénients, et je pourrais en nommer une centaine. Les gens n’hésitent pas à couper les autres dans une file; les autos roulent sur les trottoirs; le monde conduit sans respecter aucune règle de circulation, que ce soit les clignotants avant de changer de voie, les panneaux d’arrêt, les feux de circulation ou les sens-uniques; les enfants font pipi et caca à terre, les adultes crachent à terre (même à l’intérieur, dans les bus, partout); les gens me pointent du doigt, me dévisagent, et prennent des photos de moi sans aucune gêne, littéralement dans ma face; et j’en passe. Ça se traduit souvent par un manque de courtoisie extrême, parfois de façon presque choquante, et c’est pour ça que sur l’échelle de politesse la Chine serait à l’extrême gauche, le moins poli des pays.
Pourtant, il y a aussi un autre aspect, plus positif: cette absence de règles rend toutes les interactions beaucoup plus humaines. Laissez-moi expliquer en donnant quelques exemples. En Chine, quand deux personnes font un accident en auto, ça provoque souvent un argument qui dure plusieurs heures, sur à qui est la faute, etc. Les gens n’appellent pas la police, ils se contentent de régler le problème entre eux. Une fois, j’ai vu un policier qui était présent lors de l’accident, et au lieu de donner une contravention, ou d’essayer d’empêcher les deux de s’engueuler, il était en train de participer activement à l’argument! En Occident, rien de cela ne serait arrivé: le policier aurait dit aux deux de contacter leurs assurances, fin de la discussion. Voici un autre exemple: il y a quelques restaurants auxquels on va souvent, et les propriétaires ont commencé à nous donner plein de choses: la boss d’un des restaurants arrondit toujours en descendant, la madame d’un autre nous donne toujours du lait chaud, et la boss d’un autre nous donne des oranges ou d’autre niaiseries quand on y va. On a vraiment plus l’impression d’avoir une connexion avec ces gens, beaucoup plus qu’en Occident. Même lorsque j’ai été un client régulier d’un établissement, je ne me suis jamais fait donner quoi que ce soit. C’est sans doute parce que les établissements ici en Chine sont souvent des affaires de famille, alors la serveuse est aussi la propriétaire, ou la fille de la propriétaire, etc. Ils n’hésitent jamais non plus à essayer des choses si on le leur demande. Un autre très bon exemple est qu’il est totalement permis d’apporter de la nourriture ou des breuvages d’un autre restaurant (ou de n’importe où) dans n’importe quel restaurant. Ainsi, je vois des gens qui mangent leur nouilles dans un Starbucks, achetées d’un restaurant ghetto juste à côté. Nous-mêmes, on achète souvent des breuvages dans un dépanneur pour les apporter au restaurant. Près de chez nous il y a une rue pleine de restaurants et l’été ils mettent des tables sur le trottoir. Les tables n’appartiennent à personne, tout le monde contribue 2-3 tables et tout le monde peut s’asseoir n’importe où et commander ce qu’ils veulent des dizaines de restaurants et kiosques de nourriture présents sur la rue.
Les tables en question.
Cette liberté est donc un aspect que j’aime vraiment beaucoup. Maintenant, je ne suis plus gêné de prendre des photos des gens (puisqu’ils ne se gênent pas d’en prendre de moi) et en général mon attitude est à l’opposé de celle du Japon: je n’hésite pas à aller dans des ruelles étranges, dans des endroits où je ne suis pas sûr si j’ai le droit d’aller, etc. En Chine, toutes ces conventions n’existent pas, et c’est très libérateur.
Comme Samuel et moi avons conclu:
En Chine, il est permis de tout faire jusqu’à preuve du contraire; au Japon il n’est permis de rien faire jusqu’à preuve du contraire.
Les deux extrêmes ont des avantages et des inconvénients.
LA CORÉE DU SUD
La Corée du Sud est le pays sur lequel j’ai le moins à dire, puisque je n’y suis resté que 2 semaines.
Si je devais résumer, je dirais que la Corée du Sud est un intermédiaire entre la Chine et le Japon, sur presque tous les points possibles.
Premièrement, la Corée du Sud est beaucoup plus semblable au Japon qu’à la Chine, en terme de qualité de vie, etc. Après la Guerre de Corée, le pays s’est lancé dans une campagne d’industrialisation qui fut extrêmement efficace. La croissance économique de la Corée était parmi les plus rapides au monde des années 60 à 90 et même aujourd’hui sa croissance est fulgurante. On oublie souvent la Corée, puisque sa culture et son économie ne sont pas aussi importantes que la Chine ou le Japon, mais elle reste un joueur de taille dans l’économie mondiale.
La culture est aussi très importante pour la Corée. Malheureusement pour eux, le Japon a envahi et occupé la Corée de 1910 à 1945, jusqu’à la fin de la Deuxième Guerre Mondiale. L’occupation était une campagne massive d’assimilation: les Japonais ont détruit les palais, plusieurs temples, etc., persécutaient les Coréens, et les forçaient à adopter des noms Japonais. C’était assez intense. Peut-être que c’est pour ça que la Corée tient sa culture à coeur, mais après l’occupation le gouvernement a passé beaucoup de temps à reconstruire les palais et autres lieux historiques importants. Ainsi, présentement à Séoul, il y a 5 palais, qui ont tous été reconstruits puisqu’ils avaient été détruits durant l’occupation Japonaise. Ça montre que la Corée tient à conserver sa culture. La majorité des attractions en Corée sont justement des lieux historiques: très souvent des temples, mais aussi des tombes, palais, etc. Après avoir été en Chine pendant plusieurs mois, j’étais très content de juste me promener en Corée et de tomber sur des temples aléatoires.
Sur mon échelle graduée de politesse, je placerais la Corée environ au même endroit que l’Occident. Effectivement, les Coréens sont les personnes les plus « normales » (comparées à nous) de l’Asie de l’Est. Ils sont beaucoup moins gênés que les Japonais, et quand je leur parlais ils n’hésitaient jamais à utiliser le peu d’anglais qu’ils connaissaient, en grand contraste à la Chine et au Japon. La Corée est le pays de l’Asie de l’Est (excluant évidemment Hong Kong, qui est de loin la ville la plus cosmopolite d’Asie) qui est le plus ouvert au monde extérieur. Il y a beaucoup de restaurants de cuisine internationale, les gens essaient de parler anglais, je ne me faisais pas dévisager à chaque seconde, etc. Les gens me traitaient comme quelqu’un de normal, beaucoup plus qu’au Japon ou en Chine, et c’était assez rafraîchissant.
Contrairement à la Chine ou au Japon, où la culture « interpersonnelle » est très visible (très rigide au Japon, extrêmement libre en Chine), en Corée je n’ai rien particulièrement perçu: probablement puisque je ne suis resté que deux semaines, mais aussi probablement parce que cette culture ressemble plus à l’Occident.
Sinon, la Corée est presque en tous points un compromis entre le Japon et la Chine.
La Corée est riche et c’est un pays développé, mais le coût de la vie est beaucoup moins élevé qu’au Japon, tout en étant plus élevé que la Chine; le Coréen a emprunté beaucoup au Chinois, et le Japonais aussi mais plus tard, donc le Coréen est littéralement un intermédiaire entre la langue chinoise et japonaise; au Japon il y a des vestibules où il faut déposer ses souliers avant de rentrer dans une maison, en Corée il y a des mini-vestibules, et en Chine il n’y en a juste pas; les gens sont beaucoup plus polis que les Chinois, tout en n’étant pas neurotiques et rigides comme les Japonais; etc. etc.
C’est malheureusement pas mal tout ce que j’ai à dire sur la Corée; après tout, je n’y suis pas resté très longtemps. Dans quelques années je vais tenter d’y travailler, alors à ce moment je serai en mesure de développer sur la culture coréenne.
En gros, pour résumer ma comparaison des 3 pays:
La Chine est ghetto et n’a pas de règles, ce qui se traduit par un manque de politesse extrême mais c’est aussi libérateur, puisque les interactions sont plus humaines. Les Japonais sont l’exact opposé: ils sont extrêmement polis, jusqu’à en effacer parfois toute trace de chaleur humaine. Les Coréens sont entre les deux, environ comme nous: ils sont plus polis et courtois que les Chinois, sans être aussi rigides et formels que les Japonais.